C’est en 1976, à l’âge de 17 ans, que j’ai fait mes premiers pas en politique, animé par une volonté profonde de défendre les droits des francophones et de promouvoir des valeurs démocratiques. Mon parcours a commencé à Rixensart, dans les rangs du RW/FDF, avant de se poursuivre à Bruxelles, au sein du FDF – devenu aujourd’hui DéFI – dans une commune que je n’ai jamais quittée : Woluwe-Saint-Lambert.
J’ai eu le plaisir et le privilège d’exercer diverses fonctions pour mon parti telles que Président de la section locale FDF de Woluwe-Saint-Lambert pendant 18 ans ou encore attaché à des cabinets ministériels durant deux mandatures. Et puis bien sûr, depuis 2006, j’ai l’honneur d’être échevin à Woluwe-Saint-Lambert tout en décrochant un poste de député bruxellois en 2014 jusqu’à l’entrée en vigueur du décumul en 2019, suite auquel j’ai décidé de me concentrer entièrement sur mes responsabilités communales.
Aujourd’hui, en 2024, c’est avec une immense fierté que j’entame mon quatrième mandat consécutif en tant qu’échevin, déterminé à continuer à servir les habitants de ma commune avec la même énergie et une motivation intacte.
Au total, ce sont près de 50 ans de ma vie que j’ai consacrés à mon parti, convaincu que je partageais les mêmes valeurs, les mêmes engagements et les mêmes combats politiques que celui-ci. J’ai toujours veillé à le représenter de la meilleure des façons dans chacune de mes fonctions. Malheureusement aujourd’hui, je suis au regret de constater que je ne me retrouve plus dans les idées défendues par DéFI.
Au fil du temps, j’ai observé avec préoccupation l’évolution du contexte politique bruxellois. Bruxelles, capitale francophone et moteur économique de la Belgique, a toujours été confrontée à des menaces sérieuses émanant de forces nationalistes flamandes, notamment la N-VA, qui cherchent à réduire son autonomie et à la placer sous tutelle. Aujourd’hui, je ne ressens plus, au sein de DéFI, la même volonté inébranlable de défendre les intérêts et droits des francophones qui est la mienne, depuis toujours, et celle de nombreux électeurs. Les résultats enregistrés à l’occasion des dernières élections régionales ont vraisemblablement été impactés par ce changement. J’y reviendrai un peu plus tard.
Dans ce contexte, DéFI, autrefois fervent défenseur des intérêts des francophones, semble avoir perdu sa direction, son identité. Sous l’impulsion de sa nouvelle présidence, le parti a adopté une ligne politique qui, selon moi, manque de clarté et de fermeté face aux enjeux actuels. Pire encore, il semble désormais disposé à composer avec les forces nationalistes flamandes, au lieu de défendre avec conviction les intérêts des francophones, de Bruxelles et de la Wallonie.
À mes yeux, cette approche est inadaptée face à l’urgence des défis politiques et économiques qui se dressent face à nous. DéFI a renoncé à jouer un rôle de catalyseur indispensable pour inciter les partis francophones à adopter une vision ambitieuse et unifiée pour Bruxelles et la Wallonie.
En tant qu’élu local, je constate également une déconnexion croissante entre la direction de DéFI et ses bases. Et cela, depuis plusieurs années. Les mandataires communaux, qui sont en première ligne aux côtés des citoyens, ne sont plus consultés ni impliqués dans les décisions stratégiques. Aucune réunion n’a été organisée pour entendre nos opinions, même sur les enjeux cruciaux pour la Région de Bruxelles-Capitale.
Cette absence de reconnaissance est particulièrement frappante lorsque je compare DéFI à d’autres partis comme Ecolo ou le PS, où les élus locaux ont l’opportunité de s’exprimer sur des questions essentielles. Pourtant, DéFI dispose de plusieurs jeunes échevins talentueux qui pourraient incarner l’avenir du parti. Et pour ma part, malgré mes scores électoraux – étant régulièrement l’un des quatre principaux faiseurs de voix du parti aux élections communales – la reconnaissance semble désormais inexistante.
Et cela ne date pas d’hier. La précédente présidence du parti n’agissait pas différemment. Lors du dernier scrutin régional de juin, j’ai été profondément choqué par les agissements de M. De Smet qui a préféré privilégier une amitié personnelle plutôt que l’intégrité et la crédibilité du parti. Le recomptage de votes en interne s’est déroulé de façon totalement illégitime. Je m’en suis insurgé auprès des dirigeants du parti mais, à nouveau, sans être écouté ni même considéré. Je n’oublie pas non plus que dans ce contexte gravissime et malgré une situation aussi évidente qu’indéfendable, Mme Rohonyi a décidé de se ranger aux côtés de M. De Smet. Ici encore, l’opportunisme a prévalu sur les valeurs et les intérêts de notre parti. La liste souhaitée par M. De Smet a finalement été validée, étonnamment au détriment des candidats de Woluwe-Saint-Lambert. D’autres candidats importants tels que Michaël Vossaert ont même claqué la porte. Inutile de revenir ensuite sur les résultats catastrophiques de cette liste. Malgré cette débâcle, quelques mois plus tard, Woluwe-Saint-Lambert a pu, de son côté, obtenir à nouveau la confiance de ses habitants avec une majorité absolue. Mis à part à Auderghem, une véritable déroute s’est produite dans toutes les autres communes où DéFI était présent.
En dépit de ces résultats, rien n’a changé et je ne peux, aujourd’hui, que comprendre la décision d’Olivier Maingain, figure emblématique de notre parti, qui avait pourtant fait part, à de multiples reprises, de ses inquiétudes quant à la direction que prenait DéFI.
Après 48 années de fidélité et d’engagement au sein de DéFI et de son prédécesseur, le FDF, je prends aujourd’hui la décision de quitter ce parti. Ce choix, bien que difficile, est devenu inévitable en raison de divergences stratégiques et idéologiques profondes.
Cependant, mon engagement politique ne s’arrête pas là. Bien au contraire ! Je continuerai à servir Woluwe-Saint-Lambert avec la même passion et la même dévotion, en me concentrant sur le bien-être de mes concitoyens et sur les compétences qui m’ont été confiées. Je resterai également un défenseur intransigeant des droits des francophones, car cet idéal reste au cœur de mes valeurs. Je tiens à remercier les habitants de Woluwe-Saint-Lambert pour leur confiance renouvelée et leur soutien indéfectible. Je continuerai à œuvrer pour un avenir meilleur, guidé par les principes de justice, de solidarité et de démocratie.
Eric Bott